Note de Fitch, dette, austérité : ce que la France peut apprendre de l’Espagne

Note de Fitch, dette, austérité : ce que la France peut apprendre de l’Espagne

Le vendredi 12 septembre 2025 restera comme une date symbolique dans l’histoire économique récente de la France. Alors que l’agence de notation Fitch abaissait la note souveraine française de AA- à A+, privant le pays de son « double A » pour la première fois, l’Espagne voyait sa note relevée par Standard & Poor’s au même niveau. Cette coïncidence frappante illustre parfaitement l’inversion des dynamiques économiques entre les deux pays voisins et soulève une question cruciale : que peut apprendre la France de la trajectoire espagnole ?

Cette dégradation intervient dans un contexte de fragmentation politique chronique et d’endettement public galopant, plaçant la France face à ses responsabilités budgétaires. L’Espagne, autrefois considérée comme le « malade de l’Europe », présente aujourd’hui un modèle de redressement économique que Paris pourrait étudier avec attention.

La décision de Fitch, annoncée tard le vendredi soir pour limiter la panique boursière, marque un tournant dans la perception internationale de la solidité financière française. Cette dégradation d’un cran place désormais la France au cinquième niveau de qualité, loin des meilleures signatures financières mondiales.

Un endettement public préoccupant

L’audit de Fitch dresse un constat particulièrement sévère de la situation budgétaire française. La dette publique française a atteint 3 345 milliards d’euros au premier trimestre 2025, représentant 114,1% du PIB selon Eurostat. Plus alarmant encore, cette dette pourrait grimper à 121% du PIB d’ici 2027, sans perspective claire de stabilisation.

Cette trajectoire inquiétante s’explique par un mauvais historique budgétaire persistant : la France affiche un déficit supérieur à 3% du PIB pendant 17 des 20 dernières années, et n’a enregistré aucun excédent primaire depuis 2001. Ces chiffres témoignent d’une incapacité structurelle à maîtriser les finances publiques sur le long terme.

L’instabilité politique comme facteur aggravant

Le ministre de l’Économie sortant, Éric Lombard, a reconnu que cette dégradation était notamment « motivée par l’incertitude politique ». La fragmentation politique française entrave effectivement toute consolidation budgétaire durable, comme le souligne Fitch dans son rapport.

Cette instabilité gouvernementale, illustrée par la succession de quatre gouvernements en un an, compromet la mise en œuvre de réformes structurelles nécessaires au redressement économique. Le nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, hérite donc d’une situation budgétaire particulièrement délicate.

L’ascension espagnole : un modèle à suivre ?

Pendant que la France s’enlise dans ses difficultés budgétaires, l’Espagne présente une dynamique économique résolument positive. Cette évolution contraste avec les déclarations de François Bayrou qui, quelques semaines avant sa chute, décrivait la situation espagnole comme « dramatique ».

Une dette maîtrisée et une croissance robuste

La dette espagnole s’établit à 104% du PIB, soit neuf points de moins que la France. Cette différence, qui peut paraître modeste, révèle en réalité une gestion budgétaire plus rigoureuse et une capacité supérieure à contenir l’endettement public.

Plus impressionnant encore, Standard & Poor’s prévoit pour l’Espagne une croissance du PIB de 2,6% en 2025, soit plus de trois fois la moyenne attendue dans la zone euro, tandis que la France plafonnerait à 0,8%. Cette vitalité économique espagnole repose sur des fondements solides que la France pourrait étudier.

Les facteurs de succès espagnols

L’agence S&P attribue cette performance à plusieurs éléments structurants. D’abord, une décennie de désendettement du secteur privé a considérablement renforcé la solidité économique du pays. Cette démarche contraste avec la France, où l’endettement public continue sa progression.

L’immigration, notamment latino-américaine, contribue également à cette dynamique positive, apportant une main-d’œuvre qualifiée et stimulant la demande intérieure. La hausse de l’investissement et les effets durables des réformes structurelles menées depuis dix ans complètent ce tableau encourageant.

Les leçons économiques de l’Espagne

L’exemple espagnol offre plusieurs enseignements précieux pour la France, particulièrement en matière de discipline budgétaire et de réformes structurelles.

La discipline budgétaire comme priorité

Contrairement à la France, l’Espagne a fait de la maîtrise de l’endettement une priorité absolue. Cette approche, bien que douloureuse à court terme, permet aujourd’hui au pays de bénéficier d’une marge de manœuvre budgétaire supérieure et d’une crédibilité renforcée auprès des investisseurs internationaux.

La réduction progressive de la dette publique espagnole démontre qu’un pays peut inverser sa trajectoire d’endettement sans compromettre sa croissance économique. Cette performance remet en question le dogme français selon lequel la relance budgétaire constituerait systématiquement la solution aux difficultés économiques.

L’importance des réformes structurelles

L’Espagne a entrepris depuis une décennie des réformes structurelles profondes qui portent aujourd’hui leurs fruits. Ces transformations, touchant le marché du travail, le système fiscal et la compétitivité des entreprises, ont créé un environnement économique plus favorable à la croissance et à l’investissement.

Cette approche contraste avec la France, où les réformes structurelles peinent souvent à voir le jour en raison de résistances sociales et politiques. L’exemple espagnol suggère pourtant que ces réformes, bien que difficiles à mettre en œuvre, constituent un préalable indispensable au redressement économique durable.

Les défis français : dette et instabilité politique

La France fait face à un double défi : réduire son endettement public tout en préservant sa cohésion sociale et politique.

Le piège de l’endettement

Avec une dette représentant plus de 114% du PIB, la France se trouve dans une situation où chaque point de croissance du PIB devient crucial. L’écart croissant avec l’Espagne illustre les conséquences concrètes d’une gestion budgétaire moins rigoureuse.

Cette situation limite considérablement les marges de manœuvre des gouvernements français. Contrairement à l’Espagne, qui peut aujourd’hui investir dans sa croissance grâce à sa dette maîtrisée, la France doit consacrer une part croissante de ses ressources au service de la dette.

L’instabilité politique comme frein

La fragmentation politique française constitue un obstacle majeur à la mise en œuvre de réformes budgétaires ambitieuses. Cette instabilité, mise en évidence par Fitch, empêche l’adoption de mesures impopulaires mais nécessaires au redressement des comptes publics.

L’Espagne bénéficie d’une stabilité gouvernementale qui permet la conduite de politiques économiques cohérentes sur le long terme. Cette différence fondamentale explique en partie les trajectoires divergentes des deux pays.

Perspectives d’avenir : que peut faire la France ?

Face à ce constat, la France dispose encore de leviers pour inverser sa trajectoire, à condition d’accepter les sacrifices nécessaires et de s’inspirer des bonnes pratiques espagnoles.

Adopter une discipline budgétaire stricte

La première leçon espagnole concerne la nécessité d’une discipline budgétaire rigoureuse. La France doit impérativement réduire son déficit structurel et stabiliser sa dette publique. Cette démarche implique des choix difficiles en matière de dépenses publiques et de fiscalité.

L’exemple espagnol montre qu’un pays peut concilier assainissement budgétaire et croissance économique, à condition de mener cette politique avec constance et détermination. La France doit abandonner sa approche cyclique des finances publiques pour adopter une stratégie de long terme.

Engager des réformes structurelles ambitieuses

La France doit également s’inspirer de l’approche espagnole en matière de réformes structurelles. Ces transformations, touchant la compétitivité, la flexibilité du marché du travail et l’efficacité de l’administration publique, constituent un prérequis indispensable au redressement économique.

Ces réformes exigent un consensus politique et social qui fait actuellement défaut en France. L’exemple espagnol démontre pourtant que ces transformations, bien qu’impopulaires à court terme, créent les conditions d’une croissance durable et d’une amélioration du niveau de vie.

La dégradation par Fitch constitue un signal d’alarme que la France ne peut ignorer. L’exemple espagnol offre une voie de sortie crédible, mais elle exige une rupture avec les pratiques budgétaires actuelles et un engagement résolu en faveur des réformes structurelles. Le temps de l’indulgence est révolu : la France doit désormais faire ses preuves pour reconquérir la confiance des marchés financiers et assurer sa prospérité future.

La Setmana

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