La Mention « Lu Et Approuvé » Avant Signature : Obligation Légale Ou Simple Tradition ?

La valeur juridique d’une signature avec « Lu et approuvé » expliquée

Depuis 1804, millions de Français inscrivent machinalement « Lu et approuvé » avant leur signature sur contrats et documents officiels, ignorant que cette pratique séculaire n’a aucun fondement juridique selon la jurisprudence constante de la Cour de cassation. En 2024, avec l’entrée en vigueur d’eIDAS 2.0 le 20 mai et la généralisation des signatures électroniques, cette mention traditionnelle interroge : faut-il la conserver dans l’univers numérique ? La réalité juridique est sans équivoque : 6 arrêts majeurs de la Cour de cassation depuis 1993 confirment que cette formule constitue une « formalité dépourvue de toute portée ». Pourtant, 73% des professionnels continuent de l’exiger par habitude, créant une confusion persistante entre tradition et obligation légale. Entre 3 niveaux de signature électronique définis par le règlement européen et 4 exceptions légales spécifiques où des mentions manuscrites restent obligatoires, décrypter la vraie valeur juridique de « Lu et approuvé » devient essentiel pour naviguer sereinement entre monde physique et digital.

La Mention « Lu Et Approuvé » : Une Obligation Légale ?

L’analyse du cadre juridique français révèle une réalité surprenante : aucun texte de loi n’impose cette mention pour la validité des contrats sous seing privé, contrairement aux croyances populaires.

Aucun Fondement Légal Explicite

Le Code civil français, dans son article 1367 actuel, stipule clairement que « la signature nécessaire à la perfection d’un acte juridique identifie son auteur » et manifeste son consentement, sans mentionner d’exigence particulière concernant des mentions manuscrites additionnelles.

Cette position légale tranche avec les pratiques observées où 73% des professionnels continuent d’exiger cette mention par habitude, créant une confusion entre tradition commerciale et obligation réglementaire.

Origine Historique De La Pratique

La mention trouve ses racines dans l’article 1326 du Code civil de 1804, époque où l’illettrisme touchait plus de 60% de la population française. Les notaires utilisaient alors cette formulation pour s’assurer que le signataire comprenait réellement l’engagement contractuel.

Cette pratique protectrice a survécu à l’évolution sociale, bien que la loi n°80-525 du 12 juillet 1980 ait supprimé cette formalité, ainsi que celle du « bon pour », de l’ancien article 1326 du Code civil.

Valeur Juridique Actuelle

La jurisprudence de la Cour de cassation établit une doctrine constante depuis 1993 : la mention « Lu et approuvé » constitue une « formalité dépourvue de toute portée » selon l’arrêt de la 1ère chambre civile du 27 janvier 1993 (n°91-12115).

Cette position a été réaffirmée dans 6 arrêts successifs, notamment celui du 30 octobre 2008 (n°07-20001) précisant qu’« en dehors des exceptions prévues par la loi, l’acte sous seing privé n’est soumis à aucune autre condition de forme que la signature de ceux qui s’obligent ».

Dans Quels Cas Utiliser Cette Mention Avant De Signer ?

Bien qu’elle ne soit pas juridiquement obligatoire, la mention « Lu et approuvé » conserve une utilité pratique dans 5 situations spécifiques où elle renforce la sécurité juridique.

Documents Concernés Par Cette Précaution

Contrats de travail et avenants : La mention protège employeur et salarié en attestant que ce dernier a pris connaissance des conditions d’emploi, évitant les litiges liés à une méconnaissance des clauses contractuelles.

Baux d’habitation : Propriétaire et locataire confirment leur accord sur l’état des lieux et les conditions locatives, sécurisant la relation contractuelle pour sa durée totale.

Contrats d’assurance : L’assuré reconnaît avoir été informé des garanties offertes et des exclusions prévues, limitant les contestations ultérieures lors de déclarations de sinistres.

Reconnaissances de dette : Le débiteur ne peut nier avoir eu connaissance du montant dû ni des modalités de remboursement, renforçant la preuve en cas de contentieux ultérieur.

Mandats professionnels : Le mandataire confirme explicitement l’étendue des pouvoirs qui lui sont confiés, clarifiant ses responsabilités et limites d’action dans l’exécution de sa mission.

La Valeur Juridique De La Mention « Lu Et Approuvé »

L’analyse jurisprudentielle révèle que cette mention, bien qu’omniprésente, ne constitue ni une condition de validité ni un élément de preuve déterminant dans l’appréciation contractuelle.

L’Importance Du Consentement

Les tribunaux français accordent une importance relative à cette mention, privilégiant l’analyse du consentement libre et éclairé des parties contractantes. Un contrat signé sans mention « Lu et approuvé » demeure pleinement valable si le signataire a disposé du temps nécessaire pour en prendre connaissance.

Inversement, même avec cette mention, un contrat peut être annulé si le consentement a été vicié par erreur, dol ou violence, démontrant que la formule ne constitue pas une protection absolue.

Conséquences Jurisprudentielles

La jurisprudence se concentre sur les conditions réelles dans lesquelles le consentement a été donné. L’arrêt de la 2ème chambre civile du 17 janvier 2019 (n°17-31046) précise que l’absence de mention « Lu et approuvé » n’est pas retenue comme indice prouvant le défaut de consentement.

Cette approche pragmatique privilégie l’examen des circonstances factuelles : délai de réflexion accordé, complexité du document, capacité de compréhension du signataire et conditions de signature.

Protection Renforcée Pour Les Actes Importants

Certains documents juridiques nécessitent des formalités strictes spécifiques qui dépassent la simple mention « Lu et approuvé », créant 4 catégories d’exigences renforcées.

Actes Authentiques

Les actes notariés exigent une lecture intégrale avant signature, le notaire vérifiant la compréhension des parties et consignant cette étape dans l’acte authentique. Cette procédure garantit un niveau de sécurité maximal pour les engagements patrimoniaux importants.

Contrats De Crédit Immobilier

Ces contrats illustrent les protections spécifiques du Code de la consommation : délai de réflexion obligatoire de 10 jours, mentions manuscrites spécifiques et informations précontractuelles détaillées accompagnent la signature.

Ruptures Conventionnelles

La Cour d’appel de Lyon, dans son arrêt du 23 septembre 2011, a estimé que pour être valable, la convention de rupture doit être datée, signée par les deux parties avec la mention « Lu et approuvé », ces mentions étant de nature à s’assurer du consentement sur les dispositions contractuelles.

Contrats De Cautionnement

L’article L.331-1 du Code de la consommation impose une mention manuscrite spécifique complète pour les cautionnements, démontrant que le législateur sait imposer des formalités particulières lorsqu’il le juge nécessaire.

L’Essor Des Contrats Dématérialisés

La révolution numérique transforme profondément les pratiques contractuelles avec l’adoption du règlement eIDAS 2.0 entré en vigueur le 20 mai 2024, redéfinissant l’écosystème de confiance numérique européen.

Les Niveaux De Sécurité De La Signature Électronique

Le règlement eIDAS 2.0 établit 3 niveaux hiérarchiques de signatures électroniques avec des exigences de sécurité croissantes :

Signature électronique simple : Offre une assurance basique sur l’intégrité du document mais sans garantie solide sur l’identité du signataire. Utilisée pour les transactions courantes à faible enjeu.

Signature électronique avancée : Garantit une sécurité supérieure, liée univoquement à l’identité du signataire, permettant de vérifier l’intégrité du document et d’identifier formellement le signataire.

Signature électronique qualifiée : Niveau de sécurité maximal nécessitant un certificat qualifié et un dispositif sécurisé de création. Elle bénéficie de la même valeur juridique qu’une signature manuscrite selon l’article 25 du règlement eIDAS.

Qu’en Est-Il De La Signature Électronique Et Des Nouvelles Pratiques Numériques ?

Les plateformes de signature électronique intègrent des systèmes sophistiqués de validation incluant traçabilité complète, horodatage précis et archivage sécurisé. Ces éléments remplacent et dépassent la simple mention « Lu et approuvé » traditionnelle.

Le nouveau portefeuille européen d’identité numérique, obligatoire pour tous les États membres d’ici fin 2026, permettra aux citoyens de s’identifier électroniquement avec un niveau de garantie élevé et de créer des signatures qualifiées.

Les Précautions Pour Renforcer La Validité D’une Signature

Garantir la validité juridique d’une signature nécessite l’application de 5 précautions fondamentales qui dépassent largement la simple mention manuscrite.

La Personnalisation De La Mention Manuscrite

Lorsqu’elle est utilisée, la mention doit être adaptée au contexte contractuel. Une formule comme « Lu et approuvé, bon pour accord sur les conditions ci-dessus mentionnées » apporte plus de précision qu’une formule standard générique.

Cette personnalisation démontre une prise de conscience spécifique du contenu contractuel et renforce la manifestation de volonté du signataire.

La Conservation Des Documents Signés

Les originaux papier doivent être archivés soigneusement, à l’abri de l’humidité et de la lumière, pour préserver leur intégrité physique et leur lisibilité sur la durée légale de conservation.

Les versions numériques nécessitent un stockage sur serveurs sécurisés avec sauvegardes régulières et systèmes de chiffrement pour garantir disponibilité et intégrité des données contractuelles.

Recommandations Pratiques Pour Une Signature Incontestable

Lecture attentive : Accordez un délai suffisant au signataire pour comprendre intégralement le document, particulièrement pour les contrats complexes ou les montants importants.

Traçabilité du processus : Documentez les conditions de signature (lieu, heure, présence de témoins) et conservez les preuves du processus contractuel complet.

Vérification d’identité : Assurez-vous de l’identité du signataire par pièce officielle et conservez une copie de cette vérification avec le contrat signé.

Les Aspects Internationaux De La Mention Manuscrite

Dans les contrats transfrontaliers, la valeur de la mention « Lu et approuvé » varie considérablement selon les juridictions nationales et les conventions internationales applicables.

Utilisation Dans Les Contrats Transfrontaliers

La Convention de Vienne sur la vente internationale de marchandises ne mentionne pas cette formalité, privilégiant l’accord des parties et le respect des usages commerciaux internationaux établis.

Les juristes recommandent d’utiliser des mentions bilingues pour les contrats internationaux, clarifiant l’approbation mutuelle dans les langues contractuelles principales.

Adaptation Selon Les Juridictions

Systèmes de common law : Ces juridictions privilégient la signature simple sans exigence de mention spécifique, se concentrant sur la preuve du consentement effectif.

Systèmes de droit civil continental : Certains pays maintiennent des exigences formelles similaires à l’ancienne pratique française, nécessitant une adaptation des contrats selon le droit applicable.

Zones d’harmonisation : L’Union européenne avec eIDAS 2.0 et l’espace SEPA créent une convergence progressive des pratiques de signature électronique, réduisant les disparités nationales.

Pour les transactions importantes, il est recommandé de consulter un avocat spécialisé en droit international pour identifier les formalités requises dans chaque juridiction concernée et éviter les vices de forme susceptibles d’invalider l’accord.

Les entreprises doivent adapter leurs processus contractuels selon les pays concernés, en tenant compte des spécificités légales locales tout en maintenant une cohérence globale dans leurs pratiques commerciales internationales.

En définitive, bien que la mention « Lu et approuvé » conserve une valeur psychologique et traditionnelle, sa non-obligation légale et l’évolution vers la signature électronique modifient fondamentalement les pratiques contractuelles modernes vers plus de simplicité et d’efficacité numérique.

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