Impact de la situation géopolitique sur l’économie mondiale en fin 2025

L’économie mondiale maintient une croissance de 3,2 % en 2025 malgré l’escalade des tensions géopolitiques, selon les dernières prévisions du Fonds monétaire international (FMI) publiées en octobre 2025. Ce chiffre représente une révision à la hausse de 0,4 point par rapport aux estimations d’avril, démontrant une résilience inattendue face aux guerres commerciales et aux conflits régionaux. Les marchés énergétiques subissent toutefois des pressions structurelles avec des hausses de prix liées aux perturbations des chaînes d’approvisionnement.
Le FMI confirme une expansion économique globale de 3,2 % en 2025 et 3,1 % en 2026, supérieure aux attentes initiales malgré les barrières commerciales accrues. Cette performance s’explique par la résistance des économies émergentes d’Asie du Sud-Est et l’ajustement rapide des chaînes d’approvisionnement vers des hubs alternatifs tels que le Vietnam, l’Inde et le Mexique. Les dépenses militaires européennes en hausse de 1,2 point de PIB compensent partiellement le ralentissement des exportations manufacturières.
L’Organisation mondiale du commerce (OMC) observe une fragmentation croissante des échanges commerciaux, avec 17 % des flux mondiaux désormais soumis à des restrictions douanières supplémentaires depuis janvier 2025. Les accords régionaux comme le Partenariat économique régional global (RCEP) gagnent en importance, représentant 30 % des échanges Asie-Pacifique contre 22 % en 2024. La Suisse illustre cette tendance avec une prévision de croissance réduite à 1 % en 2026 due aux droits de douane américains relevés en août 2025.
Impact sectoriel des tensions commerciales
Les secteurs technologiques subissent les conséquences les plus directes des contrôles à l’exportation, avec 42 % des semi-conducteurs désormais soumis à des licences d’exportation renforcées par les États-Unis. Les entreprises comme ASML, TSMC et Samsung Electronics réorganisent leurs capacités de production vers l’Union européenne et le Japon pour contourner les restrictions. Le secteur agricole enregistre une baisse de 8,3 % des exportations chinoises vers les États-Unis après l’application de tarifs de 60 % sur les produits laitiers et céréaliers.
Les minéraux stratégiques comme le graphite, le lithium et les terres rares voient leurs prix augmenter de 22 % en moyenne depuis début 2025. La Chine contrôle 87 % de la production mondiale de terres rares et a récemment imposé des restrictions d’exportation sur le gallium et le germanium, affectant directement les fabricants européens tels que Siemens et Airbus. Ces mesures provoquent un report des investissements dans les énergies renouvelables, avec 12,5 milliards d’euros de projets retardés dans l’UE au troisième trimestre 2025.
Marché pétrolier : volatilité exacerbée par les conflits
Les prix du pétrole Brent oscillent entre 85 et 98 dollars le baril en novembre 2025, principalement en raison des attaques contre les tankers dans le détroit d’Ormuz et la mer Rouge. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) anticipe une hausse de la demande de 1,1 million de barils par jour pour 2025, portée par l’Inde (+420 000 bpj) et la Chine (+380 000 bpj). Les sanctions coordonnées contre le pétrole russe par l’UE et les États-Unis réduisent l’offre mondiale de 1,3 million de barils par jour.
Les réserves stratégiques américaines atteignent leur niveau le plus bas depuis 1984, avec 341 millions de barils en stock au 1er novembre 2025. Cette situation contraste avec l’augmentation des stocks européens de produits pétroliers (+7,2 % sur un an), bien que les niveaux de gasoil restent insuffisants pour stabiliser les prix. La Russie contourne les sanctions via des réexportations par les Émirats arabes unis et la Turquie, représentant 65 % de ses ventes pétrolières hors des canaux traditionnels.
Facteurs clés déterminant l’évolution des prix
Les conditions climatiques extrêmes en Amérique du Nord perturbent régulièrement la production, avec 3 épisodes de gel ayant réduit l’output texan de 1,8 million de barils par jour entre janvier et septembre 2025. Les décisions politiques de l’administration Trump influencent directement le marché, notamment l’annonce de janvier 2025 visant à porter les droits de douane sur les importations chinoises à 100 % pour les produits stratégiques. Cette mesure reste temporairement suspendue dans l’attente de négociations, mais alimente l’incertitude des investisseurs.
Les tensions au Moyen-Orient restent le principal risque systémique, avec la possibilité d’une hausse de 25 dollars le baril en cas d’escalade significative. Le cessez-le-feu à Gaza réduit temporairement les menaces sur les routes maritimes, mais les attaques yéménites persistent à un rythme de 2,3 incidents par semaine en moyenne. L’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis maintiennent une production réduite de 3,2 millions de barils par jour pour soutenir les prix, malgré les pressions américaines pour augmenter l’offre.
Régions économiques : disparités croissantes
La zone euro affiche une croissance modeste de 1,2 % en 2025, soutenue par les dépenses militaires accrues en Allemagne (+1,1 point de PIB) et en France (+0,8 point). L’industrie manufacturière subit toutefois un ralentissement avec des indices PMI stables mais faibles à 49,3 au troisième trimestre 2025. L’inflation reste ancrée autour de 2 %, permettant à la Banque centrale européenne (BCE) de maintenir son taux de dépôt à 2 % sans prévoir de nouvelles baisses.
La Chine enregistre un ralentissement marqué avec 4,8 % de croissance au troisième trimestre 2025, le plus faible niveau depuis fin 2024. Cette performance sous l’objectif officiel de 5 % reflète la contraction du secteur immobilier (-12,7 % sur un an) et la baisse des exportations vers les États-Unis (-8,3 %). L’Inde émerge comme moteur alternatif avec une croissance de 6,4 % en 2025, tirée par les investissements dans les infrastructures et la production manufacturière (+9,2 %).
États-Unis : croissance ralentie mais résiliente
L’économie américaine progresse de 2 % en 2025, avec des créations d’emplois au point mort à +58 000 postes par mois en moyenne sur le troisième trimestre. La Réserve fédérale relance son cycle de baisse des taux en septembre 2025, portant le taux directeur à 3,75 % après une accélération de l’inflation PCE à 3,1 %. Les consommateurs subissent une pression accrue sur leur pouvoir d’achat, avec 72 % des ménages déclarant réduire leurs dépenses discrétionnaires selon l’enquête Conference Board d’octobre 2025.
Le déficit commercial américain atteint 1,2 trillion de dollars en 2025, en partie compensé par les revenus des investissements étrangers. Les entreprises technologiques comme Apple et Microsoft déplacent progressivement leurs chaînes d’assemblage vers le Mexique, générant 240 000 nouveaux emplois industriels dans le pays depuis janvier 2025. Cette réorganisation réduit la dépendance vis-à-vis de la Chine mais augmente les coûts de production de 18 % en moyenne selon les données de la Chambre de commerce américaine.
Politiques économiques : réponses coordonnées aux chocs externes
Les banques centrales maintiennent des politiques monétaires restrictives avec un policy mix combinant taux d’intérêt élevés et assouplissement budgétaire ciblé. La Banque nationale suisse relève ses prévisions d’inflation à 1,8 % pour 2025 grâce à des mesures de soutien aux ménages affectés par les tarifs douaniers américains. L’Allemagne active son fonds de stabilisation économique avec 50 milliards d’euros dédiés aux entreprises exposées aux tensions commerciales.
Les gouvernements européens lancent des plans industriels sectoriels, dont le Pacte Vert Industriel doté de 210 milliards d’euros pour réduire la dépendance aux importations stratégiques. Ce programme finance directement des projets comme l’usine de batteries Northvolt en Suède et le complexe de raffinage de terres rares Lynas en Allemagne. Les dépenses militaires européennes augmentent de 1,2 % du PIB en moyenne, créant 450 000 emplois directs selon les calculs de la Commission européenne.
Perspectives pour 2026 : risques et opportunités
Le FMI identifie trois risques majeurs pour 2026 : l’escalade des droits de douane transatlantiques, une déflation persistante en Chine et des chocs énergétiques liés aux conflits au Moyen-Orient. La probabilité d’une récession mondiale reste limitée à 18 % selon les modèles de la Banque des Règlements Internationaux (BRI), grâce aux fondamentaux solides des marchés du travail. L’Inde et l’Indonésie devraient compenser une partie du ralentissement chinois avec des croissances respectives de 6,7 % et 5,3 % en 2026.
Les accords de libre-échange régionaux gagnent en importance stratégique, avec 12 nouveaux traités signés depuis janvier 2025 dans la zone Asie-Pacifique. L’Union européenne finalise son accord avec le Mercosur, ouvrant 95 % des marchés agricoles sud-américains aux exportateurs européens. Ces développements réduisent progressivement la dépendance aux relations commerciales sino-américaines, désormais responsables de seulement 28 % des échanges mondiaux contre 35 % en 2024 selon les données de l’OMC.

Jeune rédacteur de La Setmana, Joan Rovira est passionné par le monde des affaires et les nouvelles tendances du business en Catalogne et à l’international. Il décrypte pour vous l’actualité économique avec une approche dynamique et moderne, toujours en quête de nouvelles opportunités.
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