Croissance économique mondiale : les prévisions des experts pour fin 2025

La croissance économique mondiale affiche une résilience inattendue malgré les tensions géopolitiques et les politiques protectionnistes. Les institutions financières internationales convergent vers une projection de 3,2 % de croissance globale en 2025, marquant un ralentissement progressif mais évitant une récession majeure. Cette tendance s’accompagne de dynamiques régionales contrastées et de défis structurels liés à l’endettement public et aux chaînes d’approvisionnement.
Le Fonds monétaire international (FMI) confirme une expansion économique mondiale de 3,2 % en 2025, en hausse de 0,2 point par rapport à ses prévisions de juillet 2025. Cette révision positive s’explique par une résistance temporaire des échanges commerciaux avant l’application des droits de douane américains, selon les données publiées en octobre 2025. Le ralentissement reste inéluctable par rapport aux 3,3 % enregistrés en 2024, avec un plafond de 3,1 % anticipé pour 2026 selon les scénarios actuels.
La Banque Nationale de Paris Paribas (BNP Paribas) corrobore cette trajectoire dans son rapport Eco Perspectives, soulignant que l’économie mondiale évolue à un rythme « légèrement supérieur à 3 % » malgré les chocs externes. Les indicateurs conjoncturels récents montrent une progression du volume des échanges de marchandises de 6 % par an jusqu’à l’été 2025, soit le double de la croissance du PIB mondial, portée par des technologies telles que l’intelligence artificielle, les semi-conducteurs et les équipements de télécommunication. Ce phénomène reste cependant qualifié de « temporaire » par le FMI, avec un risque d’érosion progressive à partir du quatrième trimestre 2025.
Dynamiques régionales contrastées en fin d’année
Les économies développées affichent des trajectoires divergentes sous l’effet des politiques commerciales américaines et des réponses européennes. L’Allemagne bénéficie d’un rebond significatif grâce au plan de relance européen, tandis que les États-Unis subissent un ralentissement structurel lié à la contraction de la consommation intérieure. Les marchés émergents maintiennent une résilience relative, portés par des moteurs sectoriels spécifiques.
États-Unis : repli de la consommation et investissements technologiques
La croissance américaine devrait ralentir à 1,8 % en 2025, après une révision à la baisse de 0,8 point depuis juillet, selon les analyses de Rexecode et de la Réserve fédérale. Ce repli s’explique par une contraction de la consommation privée de 0,4 % en rythme annualisé au troisième trimestre 2025, compensée partiellement par un boom des investissements dans l’intelligence artificielle. Les dépenses en infrastructures technologiques, notamment pour les data centers et les puces spécialisées comme les GPU NVIDIA H100, ont augmenté de 22 % sur un an selon les données du Bureau of Economic Analysis.
La politique monétaire restrictive maintient un taux d’intérêt directeur à 5,5 %, freinant l’investissement résidentiel mais soutenant la productivité via des secteurs clés. Le déficit courant américain devrait reculer de 25 milliards de dollars d’ici fin 2025 grâce à cette dynamique, bien que les tensions commerciales avec la Chine persistent sur des produits comme les batteries lithium-ion et les écrans OLED.
Zone euro : rebond allemand et stagnation française
L’Allemagne affiche une croissance révisée à la hausse à 1,4 % pour 2025, en raison de l’adoption du plan de relance européen de 650 milliards d’euros dédié à la souveraineté industrielle. Ce dispositif stimule particulièrement les secteurs de l’énergie verte, avec une hausse de 12 % des commandes pour les éoliennes offshore Siemens Gamesa, et de la défense, portée par des contrats comme le programme Eurodrone.
La France maintient une croissance modeste de 0,3 % trimestre après trimestre au troisième trimestre 2025, soutenue par des secteurs stratégiques comme l’aéronautique (Airbus a enregistré 185 commandes nettes en septembre 2025) et l’agriculture (récolte céréalière de 62 millions de tonnes). Toutefois, l’incertitude politique persistante limite l’investissement privé, avec un indice de confiance des entreprises manufacturières stable à 98,5 points selon l’Insee. L’Espagne confirme sa position de leader régional avec une croissance de 2,1 % en 2025, tirée par un marché du travail dynamique générant 350 000 emplois au premier semestre.
Émergents : résistance face aux tarifs douaniers
Le Mexique subit un ralentissement marqué à 1,2 % de croissance en 2025, après 2,4 % au premier semestre, en raison de l’application des tarifs américains sur l’acier et l’automobile. La demande intérieure reste atone avec un indice de confiance des consommateurs à 48,7 points, seuil de récession selon le CPB Netherlands Bureau for Economic Policy Analysis.
À l’inverse, la Chine maintient une croissance robuste de 4,8 % en 2025, portée par les exportations de véhicules électriques (Geely a exporté 185 000 unités en août 2025) et les investissements dans les infrastructures 5G. Les marchés émergents hors Chine affichent une croissance des bénéfices d’entreprise de 14 % en 2025, selon J.P. Morgan Asset Management, avec des performances sectorielles fortes dans les semi-conducteurs (TSMC) et les services financiers (ICICI Bank).
Secteurs moteurs et freins structurels
L’intelligence artificielle constitue le principal accélérateur de productivité mondiale, avec des gains estimés entre 0,1 et 0,8 point de pourcentage par an selon les modèles du FMI. Ce phénomène se traduit par des investissements massifs dans des infrastructures matérielles comme les data centers, dont la capacité globale devrait atteindre 2 500 mégawatts d’ici fin 2025 aux États-Unis.
Technologies disruptives et chaînes de valeur
Les semi-conducteurs représentent 48 % de la croissance des échanges mondiaux au premier semestre 2025, selon l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Les fabricants comme ASML (avec ses machines EUV NXE:3800E) et TSMC (technologie 3 nm) bénéficient d’une demande accrue pour des applications spécifiques telles que l’entraînement de modèles de langage (GPT-5) et l’analyse médicale par IA. Le secteur des télécommunications voit ses investissements progresser de 19 % grâce au déploiement de la 6G en Corée du Sud (Samsung) et en Chine (Huawei).
Protectionnisme et fragmentation économique
Les droits de douane américains ont généré une contraction de 0,7 point de pourcentage de la croissance mondiale selon les calculs de l’Institut de recherche de la Banque nationale suisse (SNB). La fragmentation des chaînes d’approvisionnement se traduit par une hausse de 12 % des coûts logistiques pour les exportateurs européens vers les États-Unis, avec des impacts sectoriels différenciés : l’industrie automobile subit une baisse de 3,2 % de ses marges tandis que l’agroalimentaire résiste grâce à des contrats à long terme.
Risques macroéconomiques critiques
L’endettement public mondial atteindra 102,3 % du PIB en 2029, seuil record depuis 1948 selon les projections du FMI. Cette tendance s’accompagne d’un durcissement des conditions financières, avec un écart de rendement moyen entre les obligations d’État à 10 ans et les obligations corporatives passant de 180 à 240 points de base depuis janvier 2025.
Déséquilibres commerciaux persistants
Le déficit courant américain reste à -3,8 % du PIB en 2025, malgré les mesures protectionnistes. L’Europe compense partiellement ce déséquilibre via un excédent commercial de 285 milliards d’euros avec les pays non membres de l’OCDE, porté par des exportations d’équipements médicaux (Siemens Healthineers) et de machines-outils (DMG Mori).
Volatilité des matières premières
Le cours de l’or devrait atteindre 2 450 dollars l’once d’ici décembre 2025, selon les prévisions de GoldMarket, en réaction aux tensions géopolitiques et à l’incertitude monétaire. Les prix du pétrole oscillent entre 78 et 85 dollars le baril Brent sous l’effet de la politique de l’OPEP+ et de la demande chinoise en raffinage.
Implications stratégiques pour les investisseurs
Les marchés actions mondiaux anticipent une croissance des bénéfices de 9,3 % en 2025, avec des disparités régionales marquées. Les entreprises technologiques représentent 25 % des bénéfices des marchés émergents, portées par des géants comme Alibaba et Tencent dans le cloud computing.
Opportunités sectorielles identifiées
Les secteurs sous-évalués comme l’énergie (TotalEnergies), la santé (Novartis) et les services financiers (AXA) offrent des rendements dividendes supérieurs à 4,5 %, selon les analyses d’AXA Investment Managers. Les obligations d’État suisses à 10 ans maintiennent un rendement positif de 0,8 % malgré les pressions inflationnistes, devenant un refuge privilégié pour les investisseurs institutionnels.
Stratégies de couverture contre les risques
Les fonds spéculatifs augmentent leurs positions sur les devises émergentes comme le réal brésilien et le roupie indienne, anticipant une dépréciation du dollar américain de 5,2 % d’ici fin 2025. Les contrats à terme sur les métaux stratégiques (lithium, cobalt) voient leurs volumes échangés progresser de 37 % sur les marchés de Singapour et de Londres, reflétant la course aux ressources critiques pour la transition énergétique.
Les prévisions économiques pour fin 2025 confirment une croissance mondiale modérée mais résiliente, avec des opportunités sectorielles et géographiques bien définies. Les investisseurs doivent intégrer les risques liés à la fragmentation commerciale tout en capitalisant sur les moteurs technologiques comme l’intelligence artificielle, dont l’impact sur la productivité devrait s’intensifier au-delà de 2025.

Jeune rédacteur de La Setmana, Joan Rovira est passionné par le monde des affaires et les nouvelles tendances du business en Catalogne et à l’international. Il décrypte pour vous l’actualité économique avec une approche dynamique et moderne, toujours en quête de nouvelles opportunités.
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