Prévisions économiques pour le quatrième trimestre 2025 : ce qu’il faut anticiper

L’économie française termine 2025 avec des indicateurs contrastés, marqués par une croissance modeste mais résiliente et des défis budgétaires persistants. La Banque de France confirme une expansion du PIB de 0,7 % en 2025 et de 0,9 % en 2026, selon les déclarations de son gouverneur François Villeroy de Galhau le 12 novembre 2025. Ces prévisions intègrent des risques liés aux déficits publics et aux tensions commerciales internationales qui influenceront directement le quatrième trimestre 2025.
La croissance du PIB français atteindra 0,3 % au quatrième trimestre 2025, selon l’enquête mensuelle de conjoncture de la Banque de France publiée le 12 novembre. Cette progression s’inscrit dans une dynamique trimestrielle stable après une hausse surprise de 0,5 % au troisième trimestre, confirmant la résilience de l’économie tricolore face aux chocs externes. L’institution centrale souligne que les carnets de commandes industriels restent solides malgré un ralentissement modéré dans les services, avec des secteurs clés tels que l’aéronautique, l’agroalimentaire et les énergies renouvelables maintenant des niveaux d’activité soutenus.
L’enquête couvrant 8 500 dirigeants d’entreprise révèle que 58 % des industriels anticipent une stabilité de leur production en novembre 2025, contre 32 % prévoyant une baisse. Ce diagnostic conjoncturel s’appuie sur des données précoces collectées début novembre, permettant une projection fiable du PIB trimestriel. La Banque de France maintient son objectif de croissance annuelle à 0,7 % pour 2025, chiffre corroboré par le projet de loi de finances 2026 du gouvernement et l’OFCE, bien que l’INSEE ait initialement tablé sur un scénario légèrement plus optimiste.
Les exportations françaises subissent des pressions dues aux politiques commerciales américaines, notamment dans l’automobile et le luxe, mais les échanges avec l’Asie compensent partiellement ces pertes. Le déficit public de 5,4 % du PIB en 2025 impose des contraintes budgétaires strictes, comme l’a rappelé François Villeroy de Galhau : réduire le déficit à 3 % d’ici 2029 exige un effort de 0,6 point de PIB dès 2026 pour atteindre 4,8 %.
Dynamique sectorielle en fin d’année
L’industrie manufacturière enregistrera une croissance de 0,3 % au quatrième trimestre 2025, portée par les commandes internationales dans l’aéronautique tels que les contrats d’Airbus et les investissements dans les batteries électriques. Les services, qui représentent 75 % du PIB français, afficheront une progression plus modeste de 0,2 %, avec des disparités notables entre le tourisme (stagnation à 0,0 %) et les technologies numériques (hausse de 0,5 %). Le secteur de la construction restera en repli de -0,1 % en raison de la crise immobilière persistante, affectant particulièrement les entreprises de matériaux de construction comme Saint-Gobain et les promoteurs immobiliers tels que Nexity.
La Banque de France observe une amélioration des délais de paiement entre entreprises, indice clé de santé économique, avec un recul de 2,3 jours en moyenne par rapport au troisième trimestre. Ce phénomène bénéficie aux PME fournisseurs de grands groupes comme Renault ou LVMH, dont les trésoreries se stabilisent après deux années de tensions.
Inflation et pouvoir d’achat en décembre 2025
L’inflation annuelle s’établira à 1,1 % en 2025, selon les projections du gouvernement incluses dans le projet de loi de finances 2026. Ce niveau modéré résulte de la stabilisation des prix de l’énergie après les chocs pétroliers de 2024 et de la modération des hausses de salaires dans le secteur privé. L’INSEE confirme que les prix alimentaires augmenteront de seulement 0,8 % sur l’année, contre 2,3 % en 2024, grâce aux politiques de soutien à l’agriculture menées par le ministère de l’Agriculture dirigé par Marc Fesneau.
Le pouvoir d’achat des ménages progressera de 0,4 % en 2025, une amélioration limitée par la faiblesse de la croissance économique. Les ménages les plus modestes, bénéficiaires du bouclier tarifaire sur l’électricité et du récent relèvement du SMIC à 12,50 euros horaires, verront leur pouvoir d’achat augmenter de 0,7 %, contre 0,2 % pour les 20 % les plus aisés. Cette dynamique s’explique par la structure des dépenses : les ménages à bas revenus consacrent 32 % de leur budget à l’énergie et l’alimentation, contre 18 % pour les hauts revenus.
Perspectives salariales et coûts du travail
Les salaires augmenteront en moyenne de 2,9 % en 2025, selon les données de la Dares, avec des écarts significatifs entre secteurs. L’industrie affichera une hausse de 3,2 %, portée par les accords de branche dans l’automobile tels que ceux conclus chez Stellantis, contre 2,5 % dans les services administratifs. Le coût horaire du travail progressera de 2,6 %, inférieur à l’Allemagne (2,9 %) mais supérieur à l’Italie (2,3 %), selon Eurostat.
La modération salariale observée depuis 2023 s’explique par la prudence des entreprises face aux incertitudes budgétaires. Le Medef a récemment alerté sur le risque d’un « cercle vicieux » si les hausses de salaires dépassent 3 % en 2026, compte tenu de la marge bénéficiaire moyenne des entreprises françaises (5,8 % contre 8,2 % en Allemagne).
Marché du travail et emploi en fin d’année
Le taux de chômage s’établira à 7,6 % en décembre 2025, en légère hausse de 0,1 point par rapport au troisième trimestre, selon les données Pôle Emploi publiées le 15 novembre. Cette progression s’explique par l’arrivée de 125 000 jeunes sur le marché du travail à la rentrée universitaire, particulièrement dans les métropoles de Lyon, Toulouse et Bordeaux. Le nombre de demandeurs d’emploi en catégories A, B et C atteindra 5,75 millions, soit une augmentation de 1,8 % sur le trimestre.
Les secteurs créateurs d’emplois restent concentrés dans les services aux entreprises (+18 000 postes), le numérique (+12 000) et la santé (+9 000), tandis que l’industrie manufacturière stagne à +1 500 emplois. La région Île-de-France absorbera 42 % des nouvelles créations d’emploi, contre 18 % pour l’Occitanie et 12 % pour la Nouvelle-Aquitaine. Les métiers en tension incluent les développeurs Python, les techniciens en énergies renouvelables et les infirmiers spécialisés en gériatrie.
Perspectives de recrutement pour 2026
Les intentions de recrutement pour le premier trimestre 2026 affichent un indice de 108 points, en baisse de 5 points par rapport à octobre 2025 selon l’enquête Manpower. Les entreprises de moins de 50 salariés anticipent une réduction de 8 % de leurs embauches, contre une stabilité pour les grands groupes comme TotalEnergies ou Thales. Le Haut-Conseil des finances publiques prévient que le taux de chômage pourrait atteindre 8,2 % en 2026 si le projet de loi de finances n’est pas modifié, contre 7,5 % actuellement.
Les dispositifs de formation professionnelle tels que les CPF (Compte Personnel de Formation) enregistrent une hausse de 15 % des inscriptions dans les métiers du numérique et de la transition écologique. La région Auvergne-Rhône-Alpes concentre 28 % de ces formations, notamment à travers des partenariats avec des écoles comme EM Lyon et des entreprises telles que Schneider Electric.
Politiques économiques et défis budgétaires
Le déficit public atteindra 5,4 % du PIB en 2025, conformément aux prévisions du gouvernement, avec un objectif de réduction à 4,8 % en 2026 selon le projet de loi de finances. Cette trajectoire exige des économies de dépenses de 14,2 milliards d’euros en 2026, principalement dans les crédits de fonctionnement des ministères comme celui de la Transition écologique et de l’Éducation nationale. Le Haut-Conseil des finances publiques juge cette cible « juste atteignable » sous réserve d’une croissance supérieure à 0,7 % et d’une maîtrise stricte des dépenses de l’État.
La dette publique franchira le seuil de 115,9 % du PIB en 2025, en augmentation de 1,8 point par rapport à 2024. Le service de la dette absorbera 2,1 % du budget de l’État, soit 47,3 milliards d’euros, avec un taux d’intérêt moyen de 2,3 % sur les emprunts d’État. La Banque de France recommande une réduction plus rapide du déficit pour éviter un « étouffement progressif » de l’économie, comme l’a souligné François Villeroy de Galhau dans son intervention sur TF1.
Risques externes et scénarios possibles
Les risques baissiers proviennent principalement des politiques commerciales américaines, avec un impact estimé à -0,2 point de croissance si les tarifs douaniers sur les vins et fromages français augmentent de 25 %. L’OFCE anticipe une croissance de 0,7 % en 2026 dans ce scénario défavorable, contre 1 % prévu par le gouvernement. La guerre en Ukraine reste une menace pour les prix de l’énergie, avec un risque de hausse de 15 % du gaz naturel si les livraisons russes cessent complètement.
La Banque de France préconise un assouplissement monétaire mesuré, avec deux baisses de taux d’intérêt de 0,25 point chacune en mars et juin 2026. Cette politique vise à soutenir l’investissement des entreprises, dont le taux d’utilisation des capacités reste à 78 %, inférieur de 3 points à la moyenne européenne. Les crédits bancaires aux entreprises augmenteront de 2,1 % en 2025, contre 3,4 % en Allemagne, selon les données de la BCE.

Jeune rédacteur de La Setmana, Joan Rovira est passionné par le monde des affaires et les nouvelles tendances du business en Catalogne et à l’international. Il décrypte pour vous l’actualité économique avec une approche dynamique et moderne, toujours en quête de nouvelles opportunités.
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